Je n’ai pas le temps de tergiverser alors allons-y. Me décrire ? C’est un jeu d’enfant. Inutile de vous cacher le fait que je suis une Raion moi, ça se voit de la tête au pied de toute façon. Je suis grande, forte et ma tignasse blonde encadre parfaitement mes traits taquins. Mes cheveux sont plus ou moins longs et sont la plupart du temps attachés. C’est plus simple pour bosser heh. Mes yeux sont d’une couleur ocre, variant bien souvent dans des teintes orange et chaudes. Je possède certains attraits typiques prouvant mon appartenance à l’espèce dont je suis issue aussi. Un pelage doré voit son parcours le long de mon échine et ce jusqu’à mon appendice caudal. Cette fichue queue indomptable qui n’en fait qu’à sa tête. Pas qu’elle me dérange bien au contraire, j’en suis fière. Mais il faut avouer que c’est énervant de se faire trahir par cette dernière lorsque l’humeur ne suit pas. J’essaye pourtant de la rendre docile… Enfin, ainsi soit-il ! J’ai aussi des ongles un peu plus griffus que la moyenne mais rien de bien extraordinaire. J’suis pas le symbole de la féminité, c’est sûr, mais c’est pas pour autant que j’suis désagréable à voir je crois. J’pense que j’ai dû hériter du charme de maman, elle aussi à ce petit j’sais pas quoi en plus. Je suis quand même plus musclée que gracieuse et le fait que je sois toujours occupée de parler fort n’aide pas à me rendre féminine. -rires-
Plutôt du genre tout en couleur il reste assez difficile de s’ennuyer avec moi. Je n’ai pas froid aux yeux, chose tout à fait normale quand on sait que j’ai grandi dans un monde ou être fort est un atout. Du coup, j’ai de bonnes bases pour ne pas flancher. Et de toute façon bases ou pas, je suis trop fière que pour courber l’échine. Avec le temps j’ai compris comment faire pour qu’on me respecte. Puis je n’ai jamais hésité à être honnête dans mes propos. Je trouve ça trop facile que de se cacher derrière un masque de mensonges. Du coup, si quelque chose me plaît pas il y a de grandes chances pour que ça se sache rapidement. J’peu parfois avoir l’air loin de tout mais c’est une image erronée. Je pense être quelqu’un d’assez agréable malgré mes râles constants et puis j’ai jamais agressé gratuitement une personne. Les coups et engueulades que j’ai causés ont toujours été méritées. Puis, j’aime bien la compagnie des autres. C’est toujours plus amusant de rire et boire à plusieurs que de faire ça seule dans son coin. Et j’ai une bonne décente ! Ça crée forcément des liens ahah. Pour résumer en un mot je dirais que j’suis le genre de femme indomptable à qui on n’apprend pas grand-chose. La mer déchaînée tatouée sur ma peau en est la preuve. Je suis forte et il est pas encore né celui qui me poussera dans mes derniers retranchements. J’assume le moindre de mes faits et gestes, ou presque. Faut dire que je ne clame pas haut et fort non plus que j’suis friande des bouquins à l’eau de rose. Ces romans me permettent de vivre des choses que je n’ai pas le temps de vivre personnellement et pourtant il m’arrive d’en rêver de ces cochonneries. Ces histoires ont le mérite de me faire sentir femme malgré mon cruel manque de temps pour ces choses-là. Et puis est-ce que ça existe encore tout ce romantisme ? Des fois ça me paraît juste ridicule autant d’obstination.
Hmpf nous y voilà. La partie où je vous raconte mon histoire. Maintenant que j’y pense, avec un peu de recul, l’histoire de mes parents à ce petit quelque chose de magique. Bon d’accord, ça s’est pas fini de la meilleure des façons mais j’pense qu’ils se sont aimé sincèrement et ce, peu importe la différence sociale qui les séparait. J’suis fière d’être le fruit de leur union un peu maladroite. Beaucoup n’ont pas la chance d’avoir des parents aussi formidables que les miens.
J’ai grandi et été élevée au sein de la famille de maman. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs, j’avais cette énergie qui ne demandait qu’à être dépensée et du coup j’étais incapable de tenir en place. J’étais bien trop curieuse et téméraire mais, Wakaba, ma mère, a pris l’initiative de m’apprendre son métier. Ça a eu le mérite de canaliser mon trop-plein d’énergie et j’étais trop fière de pouvoir l’aider. Haha, j’étais plutôt idiote à l’époque ! Quand maman a commencée à m’apprendre qu’on faisait des spiritueux avec des fruits entre autres, j’ai protesté et me suis enfermé dans un régime uniquement carnassier. J’étais persuadé que si je mangeais des fruits, je finirais alcoolique ou que sais-je encore. Il leur à fallut beaucoup d’efforts à elle et à mon père pour me faire comprendre que non, c’est pas comme ça que ça se passait. J’étais suspicieuse mais j’étais tellement attachée à papa que je l’ai écouté. J’pense que j’étais totalement amoureuse de lui à l’époque. On dit souvent que le premier amour d’une fille, c’est son père… J’peux qu’approuver. Le voir suffisait à faire mon bonheur. Komao Raion, un beau et fier lion. Toujours fidèle à lui-même ! -rires-
Bien plus tard, mon père est venu nous voir avec une petite fille qu’il avait eu avec une autre femme. Maman ne m’a jamais empêché de nouer des liens avec les enfants qu’il avait eus avec son épouse officielle et pourtant je vous assure qu’elle ne portait pas les Raion dans son coeur. Il lui arrivait de pester de longues heures à leurs sujets ! Nara, la première fille qu’il a eu avec cette nana est devenue très rapidement ma meilleure amie. Elle venait très souvent avec notre père et nous sommes devenues vraiment très proches. Nous étions confidentes. Amies. Soeurs. Comparses de jeux et de tracas. Nos milieux de vies différents ont fait que nous avons su nous compléter de par nos connaissances. Cette jolie petite blonde m’a appris pas mal de choses. Je pense que je lui dois mes quelques prouesses physiques. J’suis pas la meilleure des combattantes c’est sûr mais j’me débrouille, et ça, c’est grâce à elle.
Plus les années sont passées et plus j’ai pu me lier avec la petite troupe. J’y suis fort attachée, à chacun d’eux. Malheureusement, parce que les histoires finissent parfois mal, la femme de mon père est décédée en couches lors de la venue du dernier. Ça m’fait beaucoup de peine en y repensant mais la vie n’est qu’une longue rivière sinueuse. Ce sont des choses qui arrivent. J’ai accepté de rejoindre notre père pour aller l’aider à s’occuper de notre petite famille. Nara était très ambitieuse et j’ai vraiment adoré pouvoir suivre ses progrès ainsi que les récits de sa vie. J’étais totalement captivée par ce qu’elle pouvait bien me raconter. Nara méritait de devenir une reine, je n’avais aucun doute quant au fait qu’elle finirait par atteindre chacun de ses objectifs. Les suivants étaient plus jeunes. Plus turbulents pour la plupart et tous avec des caractères qui leur étaient propres. Vous imaginez pas le nombre de fois où j’ai voulu les étrangler ces sales garnements ! Heureusement pour eux, déjà adolescente je me voyais dotée d’une certaine fibre maternelle. J’ai aimé m’occuper de mes petits frères et soeurs. Chaque jour était gratifiant et peu importe les colères, les rires et les pleurs, je chéris ces souvenirs avec grand soin. J’suis un peu sentimentale au fond… ma famille comptera toujours énormément pour moi.
Quand les marmots étaient finalement en âge de se débrouiller j’suis retourné auprès de maman pour l’aider à s’occuper de la boutique. Petit à petit j’ai pris les responsabilités de l’endroit jusqu’à ce que je devienne la nouvelle gérante. Maman avait grandement besoin de profiter un peu et de se reposer. Elle n’avait qu’à vivre ses rêves les plus enfouis tandis que moi je travaillerai et me ferait ma place dans cette société.
Entre-temps Nara est devenue chef du clan des Raion, vous vous rendez-compte ?! Ma petite soeur ! Chef de clan ! J’ai toujours su qu’elle avait le cran de le faire. J’suis super fière d’elle. Une de ses premières décisions fût de me légitimer en tant que Raion. J’suis donc passé de Shokô Shirayuki à Shokô Raion… C’est trop classe. J’avais enfin le droit de porter le même nom que mon père. Maman n’a pas été contre le changement de mon nom, elle était même plutôt contente pour moi. Faut dire que plus jeune, j’étais peinée de ne pas avoir le même nom que mes frères et soeurs. Je me sentais différente.
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Oh, je vous ai pas encore dit ! Mon amour pour les bouquins là… Je me la coltine depuis la fin de mon adolescence ahah. En face de l’Umeboshi se trouvait une librairie, pas qu’elle n’est plus là, bien sûr que non… disons que la situation à évoluée entre-temps ! Enfin, soit ! Elle était tenue par un p’tit monsieur que j’aimais beaucoup. J’avais besoin de lecture et ma curiosité m’a très vite amené à feuilleter les romans d’aventures. Et là, perdu parmi quelques livres poussiéreux, j’suis tombé sur un bouquin parlant de roses et d’amours impossibles. J’pense que ce fût le coup de foudre littéraire parce qu’il fut le premier d’une très très longue série que j'entretiens encore aujourd’hui.
Pour en revenir à la librairie, au bout d’un temps elle est venue à se retrouver fermée. Ça m’a fendu le coeur. J’ai perdu mes petites habitudes et j’étais triste de voir cette enseigne prendre la poussière. Cette librairie m’avait vu grandir, j’avais pu vivre de superbes histoires grâce aux livres que j’y avais trouvé et la… plus rien. Rien du tout du tout ! Et ce… jusqu’à l’arrivée de Callum. Un humain, particulier dirons-nous. J’ai appris qu’il était en fait un… ouais. Un gigolo. Chacun fait ce qu’il veut de son cul, je dis pas… mais dans ma tête, ça signifiait la fin de cette librairie. Au revoir mon point de vente favoris. Tout juste bonne à aller chercher ailleurs un endroit où me procurer des livres à l’eau de rose.
Puis finalement, la boutique a semblé bouger. Un coup de neuf semblait y être effectué et quelque temps plus tard, la librairie était de nouveau là. Bon d’accord. Le propriétaire était différent de celui d’avant mais il aurait été mal vu que je le juge pour son racial, ou bien même ses activés. Je m’y suis rendue un beau jour, pour juger de moi-même vous savez. Des livres s’empilaient de partout et ça sentait le renfermé et la poussière, je lui en ai jamais tenu rigueur. J’ai même été étonnée de découvrir un homme sympathique et intéressant. D’accord, son humour était parfois un peu douteux c’est sûr mais le mien vole parfois pas plus haut ahah. Ma méfiance s’est rapidement estompée. Pourquoi pas après tout.
J’ai mis un petit temps avant de me décider à lui acheter des romans. Faut dire que c’est un peu le truc dont j'évite de parler. Nara sait que j’aime bien m’adonner à ce genre de lecture de temps en temps oui, toujours est-il que là, il s’agissait d’un humain que je ne connaissais pas. Il a quand même réussi à me mettre en confiance avec le temps. Et puis, chose qui m’a surpris à l’époque, il m’a promis de garder mon secret. Étrangement, j’ai bien eu envie de le croire. Il dégageait un petit truc qui me donnait envie d’y croire. Je venais de confier mon plus gros secret à ce petit minet qui venait d’un monde totalement différent du mien.
De fil en aiguille, je lui ai même offert le privilège de se voir offrir de temps à autre quelques-unes de mes meilleures bouteilles. En signe de reconnaissance pour ce qu’il faisait pour moi. Et puis ça me faisait plaisir. Il a l’air de vraiment apprécier les alcools qu’on produit en plus, vous imaginez pas à quel point ça gonfle mon orgueil ahah. Parfois ça fait du bien de savoir que ce qu’on fait plaît. Puis il semble bien me le rendre. Par le plus grand des hasards, j’ai remarqué que le rayon de mon genre littéraire favoris avait eu droit à un petit agrandissement. Callum est vraiment attentif aux besoins de ses clients, franchement… c’est un chouette type.