Fiche du Personnage : YasujiroTest : Rien de plus beau n'existe à l'exception de ce à quoi il assiste et auquel il participe.
Ce n'est ni une première fois, ni n'en sera une dernière et pourtant, elle sont aussi différentes que le nombre d'étoiles parsemant la voûte céleste.
Un premier coup d'abord, il est timide et délicat, l'objet et lui faisant connaissance, il ne souhaite pas le brusquer, ni lui faire peur, mais simplement le prévenir que de cet état brutal auquel il est réduit, son rôle est de l'épurer de ses défauts, de l'affiner et de le transcender enfin.
Un second coup, plus vigoureux, mais une véritable caresse comparée à ce que l'avenir leur réserve. Il voudrait s'excuser, mais ce serait là se bafouer et mentir, car il ne pense en aucun cas que que ce mal ne soit pas nécessaire. Alors il lui parle. Il traite de la matière qu'il était lui-même, un demi-siècle de cela. L'introduction de cette histoire est aussi douce que sa première frappe, celle d'un adulte aux espoirs certains, de la possibilité de l'ouverture que la rencontre avec une nouvelle civilisation pouvait amener. Oh, que les Treize lui soient témoins, il était un garçon ouvert et chaleureux, il ne pouvait guère se l'en empêcher, c'était ainsi que les choses se trouvaient en ces temps. Sa douce mie et la si jeune chair de leur chairs réunies ne purent que s'en révélées exaltées face à son enthousiasme débordant, qu'il n'avait eu aucun besoin de les prier pour les suivre accueillir les nouveaux arrivants. Une époque d'erreurs, donc.
Il frappe une troisième fois, plus violemment, une première gerbe de flamme pourléchant ses bras sans que douleur ne s'en ressente. Le prix de ses errances avait été pénible et terrible à la fois, mais nécessaire.
Quatre, Cinq et Six se suivent alors, un triple assaut précis, la brique devenue si malléable sous les températures impossibles du foyer dans lequel elle est plongée ne parvient plus à maintenir sa cohérence. C'est en martelant l'acier que la lame naît, il n'est plus de raisons de freiner ses atteintes, car lors de cette jeunesse aveugle, il n'était que métal à l'état brut, inutile, rempli d'impuretés. La commissure de ses lèvres s'élargit en un sourire, il devrait les remercier comme il se devait finalement. Sans eux, ne serait-il pas, après tout, toujours réduit à ce morceau minerai pauvre et sans intérêt ? Ses coups apparaissent se suivre et se ressembler, mais il n'en est rien.
Dix. Il élimine les abjections.
Vingt. Expulse le trop plein. Le premier bain est une explosion de vapeur brûlante qui ne lui offre pas même l'espoir d'une légère sensation.
Trente, son rythme inexorable ne perd ni en force, ni en conviction, à l'image de l'esprit que l'Humain sera parvenu à forger sur le simple bout de fer qu'il fut.
Quarante, Cinquante, Soixante. Ni fatigue, ni faiblesse, au contraire, il abat sa compréhension du monde sur la surface de ce qui était, il n'y a pas si longtemps, un pain aggloméré de métaux divers, le distingue perdre en épaisseur, suivre sa volonté. Celui ci est enfermé dans sa main droite, prit dans cette tenaille naturelle que les Dieux lui ont offert, son marteau engoncé dans sa main gauche balancé contre sa surface, l'étalant sur l'enclume. Il en allait ainsi de tout, Yasujiro compris. On avait fait de lui cette lame, froide et acérée, il en faisait de même à présent de tout ce qu'il pouvait toucher qui ne soit pas au moins la perfection qu'il attendait.
Cent. La suite serait pour plus-tard. Le métal devait se reposer à présent. Il posa son seul outil, ce marteau pareil au Aoichikyu, les représentant de tout une race. Oui, il fallait les remercier pour ce qu'il était devenu et leur rendre la pareille. L'Humanité n'était qu'un vaste morceau d'acier, un amalgame de minerais à affiner. Ses seuls bras étaient bien trop limités pour une entreprise de si grande envergure, son trop peu d'asservis, trop infime, une simple goutte d'espoir dans un Océan d'immondice. Il monta les escaliers séparant son atelier de son échoppe et salua son client dont les douces effluves l'eurent prévenues bien tôt de sa venue. Il repassa son kimono sur ses épaules auparavant nues, les tissus ne jouissant pas de ses capacités ignifugées. Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres, énigmatique et insondable, il n'offrit aucun regard à celui qu'il avait déjà reconnu et annonça de sa voix, pareille au flux doucereux d'un alizé naissant :
Elle sera prête dans deux semaines. Et puisque votre seigneur s'en va en bataille contre eux, faites lui savoir que son rabais lui sera octroyé sans que sa lame ne soit altérée…Aucun besoin d'en dire plus que nécessaire, il n'attendait pas à ce que le commis reste à attendre la suite de toute façon. La journée avait avancée tant qu'il n'avait guère fait attention à la course du Soleil dans les cieux. Le renard des neiges sortit prendre un peu l'air et l'horizon lui ouvrit la voie d'une nouvelle promesse alors qu'il sut qu'il s'était trompé… Il existait bien autre chose de plus beau que la création à laquelle il s'adonnait seul et faisait son métier. Cette dernière, en partie de lui, en autre d'un être élu qui ignorait pourtant la vérité de son attrait, était tout son univers dont ses œuvres préserveraient à jamais l'intégrité. Il s'accroupit et reçu le petit être chéri entre tous, rare parmi les rares à connaître la sincérité de ses véritables sourires. Tandis qu'elle lui sautait dans les bras qu'il enserra autour d'elle avec douceur, il lui dédia ces mots emprunts d'affection :
Oy, Shin'rin-chan… Je ne t'attendais pas ici… Aurais-je été trop long à venir en Arano ? Et… Tu n'es pas venue seule, je suppose. Hanae est avec toi ? Que penses ta mère de moi, ces derniers temps ?Sa dernière question encore sur ses lèvres fendues en une expression mystérieuse, il frotta la tête de son unique née et reconnue, puis la souleva de terre tandis que riait cette dernière. À l'horizon se dessinant la silhouette d'une amie qui fut plus, l'espace d'un instant, au moins de façon claire.